Avis aux fondus de cacao, une nouvelle enseigne de chocolat à boire leur est désormais consacrés! Rencontre avec Stéphane Gross, le fondateur.
Des maisons à colombages, une flèche de grès rose qui perce le ciel, pas de doute nous sommes bien à Strasbourg, connue pour son fameux marché de Noël, son Conseil de l’Europe et désormais Gagao, sa chaîne de chocolats à boire.
J’ai rendez-vous avec Stéphane Gross, le fondateur de cette nouvelle chaîne dédiée à la dive fève. Je tatillonne encore un peu dans les ruelles de celle qui se prévaut du titre de Capitale européenne et j’arrive finalement à la rue Sainte-Barbe où une terrasse jaune pétante détonne et ensoleille toute la place.
14h, la terrasse semble délaissée, il est vrai que nous sommes au coeur de l’hiver et de l’Alsace réputée pour ses climats rigoureux. Rentrons, nous y serons mieux à l’intérieur. A peine franchi le pas de porte une douce chaleur nous enveloppe et des effluves de cacao viennent narguer notre odorat.
Pas de trace du maître des lieux, qu’à cela ne tienne commandons les spécialités du cru qu’il me tarde de m’approprier et comme nous sommes là pour découvrir, allons-y franchement!
- Un chocolat chaud au pain d’épice et topping shamallow fruits rouges
- Un cupcake framboise
- Une mousse au chocolat topping spéculos caramel
Autant vous dire que mon quota de sucre quotidien a comme qui dirait été pulvérisé…
A noter l’excellente impression de politesse laissée par les deux vendeurs! On a pas toujours été habitué à ça en France, est-ce propre à Strasbourg? Ou à Gagao? Mystère, mais qu’est-ce que ca fait du bien, un peu plus et on se croirait au Japon où la politesse envers le client n’a d’égal que la distance qui nous sépare du pays du soleil levant!
Stéphane arrive quelques minutes plus tard, confus et essoufflé! Un camion bloquait la rue, impossible de passer avec son triporteur. Chez Gagao c’est donc le patron qui livre ! Et à la force du mollet s’il vous plait!
Un petit remontant (chocolaté bien sûr) et c’est parti pour tenter de cerner à la fois le concept Gagao et son patron!
Stéphane Gross, qui êtes-vous?
Issu d’une famille de cuisinier-pâtissiers j’ai fait un CAP (ndlr : un apprentissage) à Strasbourg, puis j’ai voyagé pendant 8 ans en Allemagne (restaurant trois étoiles Le Bareiss en Forêt-Noire), aux États-Unis, à Londres et en Arabie saoudite où j’ai conseillé et formé des entreprises et des commerciaux. De retour en France je crée une chocolaterie en 2004 puis un bar à chocolat en 2007 à Strasbourg, déjà.
Pourquoi se lancer dans le chocolat liquide?
Pendant toutes ces années j’ai appréhendé à l’international le chocolat sous toutes ses formes et je me suis rendu compte que la forme liquide était délaissée. On pouvait certes trouver des cacaotérias traditionnelles avec des grand-mères attablées qui buvaient leur chocolat chaud dans une tasse en porcelaine mais le marché était clairement sous-exploité et il y avait de la place pour faire plein de nouvelles choses. Je suis alors à Los-Angeles où la vie va plus vite, et où les concepts les plus fous prennent naissance.
L’idée de Gagao était donc née?
Oui mais il fallait encore la faire murir. Je me suis donné alors les bons outils pour faire croître mon concept et ai suivi une école de Marketing. Ca a été très dur de rentrer mais à force de volonté et de persuasion j’y suis arrivé et j’en suis sorti 2 ans plus tard avec succès.
En 2012 j’ai l’occasion de racheter une pâtisserie mais le projet avorte. Finalement je trouve un nouvel associé et le premier Gagao ouvre ses portes en février 2014 à la rue des frères à Strasbourg. Six mois plus tard c’est la rue Sainte-Barbe qui voit l’arrivée d’une 2e enseigne.
Parlez-nous du concept de Gagao
Contrairement à certaines enseignes qui ne proposent qu’un emballage vide, ici le produit est au centre du concept. Nous avons tout développé nous-mêmes, en particulier les recettes des différents cacao à boire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est pas si facile de faire du chocolat en poudre à partir de véritable chocolat et qui se dilue facilement dans du lait sans ajout d’autres composants artificiels. Et bien à force d’essais nous y sommes arrivés.
Les pâtisseries quant à elles sont faites maison par deux pâtissiers qui s’y attellent quotidiennement à l’atelier. Le lait est produit dans une ferme bio des environs de Strasbourg. Nous faisons donc particulièrement attention à la qualité et à l’origine des produits.
Le bio semble avoir une importance primordiale pour Gagao
Oui c’est le cas. Des produits, exempts de pesticides, de conservateurs et qui sont produits localement c’est important. 95% de tout ce qui se mange ou se boit chez Gagao est bio, les 5% restant sont des incontournables comme des toppings que l’on se doit de proposer à notre clientèle et qui ne sont malheureusement pas bio.
Aujourd’hui les consommateurs font attention à ce qu’ils mangent et c’est une politesse envers le client que de leur proposer un produit naturel, fabriqué de manière éthique et dans le respect de l’environnement.
Qu’en est-il du marketing Gagao?
Je voulais quelque chose de jeune, dynamique, un univers tendance qui dépoussière un peu le chocolat. Le ton est plus rock’n roll que jamais, des rayures noires et blanches, un jaune flashy et un ton carrément décalé. Le public jeune devait pouvoir s’y retrouver, c’est pour cela que l’on communique uniquement sur les réseaux sociaux parmi lesquels, facebook, twitter, Instagram, Tumblr, Pinterest, Youtube et Linkedin
Gagao s’est d’ailleurs fait remarquer
Oui, nous avons obtenu le 1er prix de la catégorie « Développement d’entreprise » du concours alsacien Yago « Faisons éclore les talents ». L’univers décalé de Gagao a également été récompensé lors du concours CommerceDesign. Enfin, parmi des centaines de candidats, Gagao s’est hissé au rang de finaliste du Grand Prix des Jeunes Créateurs du Commerce 2014.
Quel est le type de clientèle ?
Une clientèle jeune, de 18 à 25 ans majoritairement et à 80% féminine. C’est connu mais c’est une confirmation de plus, le chocolat reste l’apanage des femmes principalement.
Quelles sont les habitudes de consommation?
La grosse part des ventes se déroulent en fin d’après-midi entre 16h et 18h en sortant du bureau (ndlr: effectivement la terrasse est maintenant bondée). Les gens sont donc plus café le matin pour se réveiller et douceur en fin de journée pour se faire câliner.
De quoi est fait l’avenir pour Gagao?
D’innovations permanentes. Comme on ne veut pas forcément se faire un chocolat chaud en été, nous avons donc lancé des yoghourts glacés et « Agao » il y a quelques mois, un jus d’aloé vera qui marche très bien encore maintenant. La nouvelle carte d’été sortira en mars et comme nous voulons proposer aux clients ce qu’ils attendent à toute heure de la journée, nous avons commencé à faire des petits déjeuners le matin. Les gaufres salées et la soupe à midi sont dans les starting-blocks!
Des projets d’extension?
Un prochain Gagao ouvre ses portes à Bordeaux au 1er trimestre 2015, Paris est dans les cartons et après on verra…
Rien pour la Suisse?
Rien de prévu pour l’instant mais toutes les opportunités sont bonnes à prendre, Bâle pourrait être une idée.
Monsieur Gagao, merci pour cet entretien fort intéressant, il est temps pour moi de m’éclipser. Mais si d’aventure Gagao envisageait prochainement de coloniser la Suisse qu’il commence d’abord par Lausanne, cité ô combien cosmopolite, jeune et accessoirement olympique, je me ferai alors une joie de changer de métier! L’appel est lancé! 😉
Peut-être qu’un jour la capitale olympique et la capitale européenne se retrouveront autour d’un Gagao…
En attendant, et vu que l’on est pas tous les jours à Strasbourg allons vite jeter un oeil à l’autre enseigne Gagao, rue des frères!
Même accueil poli que dans la première boutique sans que je n’ai réussi à déterminer si c’était dû à la patte alsacienne ou à Gagao, ce qui est sûr c’est qu’à Paris ce n’est pas comme ca… Anyway testons encore ce fameux Agao qui m’intrigue et une petite friandise pour la route. Yum!
Il est déjà temps de partir!
Au final, impressionné par le concept Gagao qui tient toutes ses promesses. Du bon et du goût, le tout enrobé dans un concept déjanté comme je les aime. Si Gagao n’est pas le prochain Starbucks du chocolat c’est que je n’y vois pas clair!
A bientôt Strasbourg, j’en suis sûr!
J’ai beau ne pas être un bec à sucre, ça fait vachement envie! J’adhère.
Reste plus qu’à faire un tour du côté de Strasbourg 😉