Le secteur du cacao s’inquiète du manque de matière première au niveau mondial
On s’inquiétait il y a quelques semaines de la pénurie de noisettes qui affectait les gros consommateurs du secteur comme Ferrero (Nutella) et Camille Bloch (Ragusa). Aujourd’hui c’est la pénurie de cacao qui préoccupe. A tel point que l’Américain Mars et le Suisse Barry Callebaut, les deux leaders mondiaux du secteur, se sont publiquement inquiétés des niveaux de production et de consommation actuels qui mettent l’industrie en péril .
D’où proviennent les craintes?
Selon l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), la consommation de cacao a dépassé de 70’000 tonnes la production mondiale des cacaoyers en 2013 et pourrait atteindre le million de tonnes en 2020. Pour 2014 les récoltes de fèves de cacao, débutées en octobre, montrent des signes de faiblesse en Côte d’Ivoire et au Ghana, deux pays qui assurent 70% de la production mondiale. Ajoutez à cela une bactérie qui infecte depuis plusieurs années les cacaoyers et réduit dramatiquement la production et vous comprendrez aisément pourquoi les récoltes sont en baisse.
D’un côté donc une production réduite mais de l’autre une consommation toujours croissante, surtout de la part de pays dits émergents comme la Chine où les tendances culinaires sont en train de se modifier et le chocolat de gagner ses lettres de noblesses.
Dernier élément d’explication, la popularité grandissante du chocolat noir à minimum 70% de cacao.
Doit-on craindre le pire ?
Plusieurs scenarii sont envisageables
- Le moins probable : le prix du chocolat s’envole et transforme celui-ci en produit de luxe qu’on se procure sous le manteau. Voir à ce propos cette excellente vidéo sur le sujet. Ce scénario est toutefois fort peu probable au vu des éléments ci-dessous.
- Le peu probable : si la pénurie devait tout de même être forte, les industriels pourraient modifier leur recette et diminuer le pourcentage de cacao dans leurs produits au profit d’autres ingrédients. Rappelons pour l’anecdote que le célèbre Ragusa a été lancé en pleine 2e guerre mondiale alors que la pénurie de cacao était la plus forte. Le chocolatier Camille Bloch a donc eu l’idée géniale de remplacer une partie du chocolat par des noisettes avec le succès que l’on sait aujourd’hui. Les périodes de crises peuvent donc être propices à l’innovation, gage d’adaptation et accessoirement de survie…
- Le plus probable : une pénurie de faible ampleur et temporaire est le scénario le plus plausible. Selon l’ICCO. Le cacao étant une ressource renouvelable, lorsque son prix augmente, les agriculteurs sont motivés à produire plus de fèves en augmentant leur utilisation d’engrais et en investissant dans de nouvelles plantations, ce qui contrebalance de manière automatique la pénurie et donc le prix.
Gourmands de tous les pays, rassurez-vous et réjouissez-vous, la pénurie n’est donc pas pour demain !